Pour encourager la réflexion sur les Gilets Jaunes dans la CGT
Sur la réalité des Gilets Jaunes
Un article tout récent, publié dans le Monde et en accès libre sur le site d’un sociologue bien connu. Fort intéressant, car il s’agit d’une enquête de terrain, sur les piquets, dans les manifestations, avec des « vraies » personnes. Enquête encore limitée à 166 personnes et sans distinction régionale (ce qui aurait un intérêt). Un peu surprenant quand même sur la faiblesse de la place des revendications réactionnaires et de l’extrême-droite. « Qui sont les Gilets Jaunes – une enquête pionnière d’un collectif de chercheurs »
Un autre article du site Slate qui a fait beaucoup parler, car il donne une description exactement opposée du mouvement. Ce n’est pas une enquête de terrain, mais un sondage et à prendre avec des pincettes. Car ce sondage interroge « ceux qui se disent Gilets Jaunes » dans la population générale. C’est-à-dire que c’est extrêmement flou, et qu’il prête donc à toutes les interprétations. Néanmoins, à lire pour se forger un avis. « Ce que révèlent les sondages sur l’identité des Gilets Jaunes »
Un article qui confirme ce que développe l’enquête sociologique ci-dessus, à savoir le manque d’éducation politique des Gilets Jaunes, et qui montre comment la mobilisation contribue à la formation de nouvelles générations de militants. « A Gaillon, les Gilets Jaunes s’éveillent à la politique »
Enfin, un dernier article également tout récent, qui recense les actions des Gilets Jaunes contre les multinationales. Un volet rarement souligné, et c’est bien dommage. « Les Gilets Jaunes multiplient les actions contre les multinationales»
Les analyses politiques et sociales qui méritent qu’on s’y arrête
L’analyse faite par les camarades de Voie Prolétarienne, qui tente une analyse de classe
dialectique et propose dès le 23 novembre une orientation dans le mouvement. « Que penser du mouvement des Gilets Jaunes »
Une première analyse, encore antérieure, qui situe les Gilets Jaunes dans l’accentuation des contradictions sociales, ce qui est juste – et impose de s’intéresser à ce qui se passe. La limite de l’analyse est l’absence des contradictions secondaires et le silence sur la présence de l’extrême-droite. Par ailleurs, l’auteur étant militant actif de Front Social, on retrouve ce spontanéisme de la grève générale et de l’insurrection assez unilatéral. « Les Gilets Jaunes annoncent les Gilets Rouges à venir »
Une autre analyse, d’un journaliste de Mediapart, repris sur un site CGT. A l’inverse du précédent, l’article s’attache à montrer les limites du mouvement et s’interroge sur la sympathie médiatique envers un mouvement confus, voire suspect. « Gilets Jaunes : pourquoi les trouve-t-on si gentils ? »
De même, un article issu de l’Autonomie insiste sur le fond d’extrême-droite du mouvement, tout en soulignant les potentialités d’y intervenir sur une base de classe. « Classes d’encadrement et prolétaires dans le mouvement des Gilets Jaunes »
Ces quatre analyses datent du début du mouvement. Elles mériteraient une actualisation un mois après son début, en particulier pour mieux saisir la dialectique qui le traverse, entre aspects positifs de résistance anticapitaliste, et tentations réactionnaires.
Les contradictions du mouvement, fascisme, racisme, homophobie
On ne va pas se cacher derrière son petit doigt. Il y a la présence du FN et de toutes les variantes des nazillons et identitaires dans le mouvement, on a beaucoup vu Dieudonné par exemple. Donc beaucoup de méfiance dans nos rangs – à juste titre. Et l’épisode de Flixécourt dans la Somme, en tout début des blocages a accentué cette méfiance (« La CGT Douanes, les migrants, les Gilets Jaunes »)
Cela dit, c’est également le cas dans nos entreprises, voire dans nos syndicats (voir notre dernier article sur les élections au CTP à Hénin-Beaumont, affligeant…)
La question c’est de mener le combat, et de ne pas l’abandonner.
Dès le 27 novembre, le Comité Adama rejoint les Gilets Jaunes, en abordant la question du racisme, et de la place des quartiers. Une participation confirmée dans les manifestations, les assemblées, les rassemblements. « Le Comité Adama rejoint les Gilets Jaunes »
Sur l’homophobie, c’est Edouard Louis qui publie un texte puissant montrant comment on doit se positionner dans ce mouvement. « Chaque personne qui insultait un gilet jaune insultait mon père »
Il faut rester vigilant. Les revendications réactionnaires anti-immigrés restent forte dans le mouvement, on l’a vu avec la polémique complotiste autour du Pacte de Marrakech, et l’extrême-droite est à la manœuvre. D’ailleurs peut-être plus dans les manifestations que sur les ronds-points, mais bel et bien là.
Et lors de son intervention à la télévision Lundi, le ton de Macron autour d’une formule plus
Voilà un mois que ça brasse partout, que le mouvement prend de l’ampleur. Sur les blocages, lors des manifestations des samedis, se développe un véritable « mouvement populaire » avec toutes ses confusions, toutes ses contradictions.
Depuis l’origine nous, militants CGT, sommes traversés d’interrogations, de doutes et néanmoins de volonté d’être présents. Il faut dire que la mobilisation dans ce mouvement de tout ce que l’extrême-droite fait de fachos et de nazillons fait réfléchir – c’est bien le moins.
Nos militants ont été traversés de plusieurs courants :
Celles et ceux qui ne voient que la spontanéité du mouvement et qui veulent rester aveugles au dérapages racistes, sexistes, homophobes. Ceux pour qui « le mouvement est tout », le but n’est rien.
Et à l’inverse, celles et ceux qui refusent absolument de s’investir dans un mouvement brut, pas clair, et où on risque de côtoyer l’extrême-droite. C’est Martinez qui refuse de manifester le 17 novembre sous ce prétexte.
Rares étaient les militant(e)s investis sur le terrain, tout en maintenant la lutte politique contre tous les dérapages identitaires et fascisants.Les semaines passées ont éclairci un peu la situation.
Tout d’abord, la confusion a fait émerger quelques revendications de base, partagées par tous :
Hausse du SMIC et des retraites
Annulation des taxes
Retour de l’ISF
Défense des Services Publics dans les régions
Macron démission.
Les revendications identitaires, racistes et anti-migrants (voir « La CGT Douanes, les migrants, les Gilets Jaunes ») sont assez marginalisées – quoique persistantes autour du pseudo Pacte de Marrakech, et ce sont les revendications matérielles et sociales qui prennent le dessus (« Ca peut plus durer ! ») terrain sur lequel l’extrême droite n’est pas à la manœuvre (Le Pen s’est déclarée contre la hausse du SMIC, à rappeler encore et encore).
Et par voie de conséquence, on a vu de plus en plus de camarades de la CGT, de structures, s’investir dans les blocages et tenter la convergence avec les Gilets Jaunes, parfois difficile tellement les méfiances sont grandes à l’égard des organisations institutionnelles et officielles. De Tourcoing à Toulouse, de Brest à Chambéry et Montélimar et bien ailleurs, les camarades les plus combatifs sont sur le terrain, et c’est cela qu’il faut faire. Maintenant, des fédérations s’engagent de plus en plus nettement pour construire cette convergence (Chimie, Services Publics par exemple). De leur côté, les Territoriaux de Parisappellent à manifester aux côtés des Gilets Jaunes.
On ne méprise pas le peuple en colère, quelles que soient ses contradictions et ses confusions, on participe pour éclaircir les enjeux et dégager les fachos. Voilà notre objectif.Cette signature de la CGT a provoqué une réaction immédiate dans nos rangs, et nous nous en félicitons. L’UD de la Haute Garonne a dénoncé immédiatement, de même que la FNIC (voir ci-contre) et de multiples structures prennent position peu à peu (UL de Harfleur, UL Bordeaux Nord, Energie Paris etc.). Cette réaction immédiate est inédite, d’autant que les structures ne font pas dans la langue de bois : la CGT doit retirer sa signature.
Le problème, c’est que ce n’est pas un bug.
Nous publions ci-contre l’interview complète que Martinez a donnée au journal Le Monde ce matin, et dont les militants n’ont retenu que le titre « Touchez pas à nos enfants ». Le reste de l’interview est on ne peut plus clair : pas de convergence avec les Gilets Jaunes, pas de participation aux manifestations. Tout au plus il admet du bout des lèvres qu’il y a quelques initiatives locales, mais sans aucune directive pour les développer, bien au contraire on sent bien qu’il n’est pas d’accord.
Martinez, comme l’intersyndicale, est dans la logique ultra-réformiste de l’interlocuteur représentatif et nécessaire. Les élections de la fonction publique sont passées, plus besoin de faire semblant, maintenant il faut que le gouvernement reprenne les discussions avec les « organisations intermédiaires».
La colère du peuple sur le terrain, on s’en tape.
Ainsi, il n’y a pas de « double jeu » de la CGT comme l’imagine le Figaro, il y a une seule posture, la même que depuis toujours, pour se poser en interlocuteur responsable. Revenir à l'époque de Thibault du temps de Sarkozy (voir « Sarko/Thibault, le pacte de reconnaissance tacite »). Et d’un autre côté, on tient quelques phrases ronflantes pour satisfaire la base énervée… Vieux classique quand même, non ?
Du coup, on comprend mieux le communiqué interfédéral du 5 décembre (que l'on trouvera ICI), publié par les fédérations de l’Agro, de la Chimie, des Ports et Docks, du Commerce, des Cheminots, de l’Energie et des Transports. Au début, on l’a compris comme une petite manœuvre, dans le cadre de la préparation du Congrès de l’an prochain, de la part de fédérations plus ou moins proches de la FSM. D’autant qu’il n’y a absolument rien dans ce texte vraiment contradictoire avec l’orientation confédérale, même pas d’appel à la convergence avec les Gilets Jaunes.
Bien sûr, la manœuvre existe, personne n’est dupe. Mais très probablement, les fédérations signataires sentaient le vent venir de la manœuvre avec l’intersyndicale (avec probablement de ce côté là la Métallurgie en pointe, la FD la plus droitière de la CGT en ce moment) et ont décidé de tenter de la torpiller. Dommage que ce n’ait pas été plus explicite, assez difficile à suivre et obscur pour les non initiés !!! Manœuvres de bureaucrates entre eux ? Bien sûr. Mais sur fond de lutte de classes.
Les enjeux se sont éclaircis.
Il faut participer au mouvement. Défendre les revendications des Gilets Jaunes qui rejoignent pour l’essentiel les revendications CGT. Combattre sans hésitation toutes les dérives racistes, sexistes et homophobes, dégager l’extrême-droite en embuscade.
Organiser la convergence gilets rouges et gilets jaunes, avec toutes les entreprises en lutte, avec les lycéens et étudiants.
Participer aux blocages, aux manifestations, protéger les jeunes, affirmer notre identité et notre combattivité de classe.
C’est le capitalisme qu’il faut abattre, et ce combat on y participe
Un article tout récent, publié dans le Monde et en accès libre sur le site d’un sociologue bien connu. Fort intéressant, car il s’agit d’une enquête de terrain, sur les piquets, dans les manifestations, avec des « vraies » personnes. Enquête encore limitée à 166 personnes et sans distinction régionale (ce qui aurait un intérêt). Un peu surprenant quand même sur la faiblesse de la place des revendications réactionnaires et de l’extrême-droite. « Qui sont les Gilets Jaunes – une enquête pionnière d’un collectif de chercheurs »
Un autre article du site Slate qui a fait beaucoup parler, car il donne une description exactement opposée du mouvement. Ce n’est pas une enquête de terrain, mais un sondage et à prendre avec des pincettes. Car ce sondage interroge « ceux qui se disent Gilets Jaunes » dans la population générale. C’est-à-dire que c’est extrêmement flou, et qu’il prête donc à toutes les interprétations. Néanmoins, à lire pour se forger un avis. « Ce que révèlent les sondages sur l’identité des Gilets Jaunes »
Un article qui confirme ce que développe l’enquête sociologique ci-dessus, à savoir le manque d’éducation politique des Gilets Jaunes, et qui montre comment la mobilisation contribue à la formation de nouvelles générations de militants. « A Gaillon, les Gilets Jaunes s’éveillent à la politique »
Enfin, un dernier article également tout récent, qui recense les actions des Gilets Jaunes contre les multinationales. Un volet rarement souligné, et c’est bien dommage. « Les Gilets Jaunes multiplient les actions contre les multinationales»
Les analyses politiques et sociales qui méritent qu’on s’y arrête
L’analyse faite par les camarades de Voie Prolétarienne, qui tente une analyse de classe
dialectique et propose dès le 23 novembre une orientation dans le mouvement. « Que penser du mouvement des Gilets Jaunes »
Une première analyse, encore antérieure, qui situe les Gilets Jaunes dans l’accentuation des contradictions sociales, ce qui est juste – et impose de s’intéresser à ce qui se passe. La limite de l’analyse est l’absence des contradictions secondaires et le silence sur la présence de l’extrême-droite. Par ailleurs, l’auteur étant militant actif de Front Social, on retrouve ce spontanéisme de la grève générale et de l’insurrection assez unilatéral. « Les Gilets Jaunes annoncent les Gilets Rouges à venir »
Une autre analyse, d’un journaliste de Mediapart, repris sur un site CGT. A l’inverse du précédent, l’article s’attache à montrer les limites du mouvement et s’interroge sur la sympathie médiatique envers un mouvement confus, voire suspect. « Gilets Jaunes : pourquoi les trouve-t-on si gentils ? »
De même, un article issu de l’Autonomie insiste sur le fond d’extrême-droite du mouvement, tout en soulignant les potentialités d’y intervenir sur une base de classe. « Classes d’encadrement et prolétaires dans le mouvement des Gilets Jaunes »
Ces quatre analyses datent du début du mouvement. Elles mériteraient une actualisation un mois après son début, en particulier pour mieux saisir la dialectique qui le traverse, entre aspects positifs de résistance anticapitaliste, et tentations réactionnaires.
Les contradictions du mouvement, fascisme, racisme, homophobie
On ne va pas se cacher derrière son petit doigt. Il y a la présence du FN et de toutes les variantes des nazillons et identitaires dans le mouvement, on a beaucoup vu Dieudonné par exemple. Donc beaucoup de méfiance dans nos rangs – à juste titre. Et l’épisode de Flixécourt dans la Somme, en tout début des blocages a accentué cette méfiance (« La CGT Douanes, les migrants, les Gilets Jaunes »)
Cela dit, c’est également le cas dans nos entreprises, voire dans nos syndicats (voir notre dernier article sur les élections au CTP à Hénin-Beaumont, affligeant…)
La question c’est de mener le combat, et de ne pas l’abandonner.
Dès le 27 novembre, le Comité Adama rejoint les Gilets Jaunes, en abordant la question du racisme, et de la place des quartiers. Une participation confirmée dans les manifestations, les assemblées, les rassemblements. « Le Comité Adama rejoint les Gilets Jaunes »
Sur l’homophobie, c’est Edouard Louis qui publie un texte puissant montrant comment on doit se positionner dans ce mouvement. « Chaque personne qui insultait un gilet jaune insultait mon père »
Il faut rester vigilant. Les revendications réactionnaires anti-immigrés restent forte dans le mouvement, on l’a vu avec la polémique complotiste autour du Pacte de Marrakech, et l’extrême-droite est à la manœuvre. D’ailleurs peut-être plus dans les manifestations que sur les ronds-points, mais bel et bien là.
Et lors de son intervention à la télévision Lundi, le ton de Macron autour d’une formule plus
Voilà un mois que ça brasse partout, que le mouvement prend de l’ampleur. Sur les blocages, lors des manifestations des samedis, se développe un véritable « mouvement populaire » avec toutes ses confusions, toutes ses contradictions.
Depuis l’origine nous, militants CGT, sommes traversés d’interrogations, de doutes et néanmoins de volonté d’être présents. Il faut dire que la mobilisation dans ce mouvement de tout ce que l’extrême-droite fait de fachos et de nazillons fait réfléchir – c’est bien le moins.
Nos militants ont été traversés de plusieurs courants :
Celles et ceux qui ne voient que la spontanéité du mouvement et qui veulent rester aveugles au dérapages racistes, sexistes, homophobes. Ceux pour qui « le mouvement est tout », le but n’est rien.
Et à l’inverse, celles et ceux qui refusent absolument de s’investir dans un mouvement brut, pas clair, et où on risque de côtoyer l’extrême-droite. C’est Martinez qui refuse de manifester le 17 novembre sous ce prétexte.
Rares étaient les militant(e)s investis sur le terrain, tout en maintenant la lutte politique contre tous les dérapages identitaires et fascisants.Les semaines passées ont éclairci un peu la situation.
Tout d’abord, la confusion a fait émerger quelques revendications de base, partagées par tous :
Hausse du SMIC et des retraites
Annulation des taxes
Retour de l’ISF
Défense des Services Publics dans les régions
Macron démission.
Les revendications identitaires, racistes et anti-migrants (voir « La CGT Douanes, les migrants, les Gilets Jaunes ») sont assez marginalisées – quoique persistantes autour du pseudo Pacte de Marrakech, et ce sont les revendications matérielles et sociales qui prennent le dessus (« Ca peut plus durer ! ») terrain sur lequel l’extrême droite n’est pas à la manœuvre (Le Pen s’est déclarée contre la hausse du SMIC, à rappeler encore et encore).
Et par voie de conséquence, on a vu de plus en plus de camarades de la CGT, de structures, s’investir dans les blocages et tenter la convergence avec les Gilets Jaunes, parfois difficile tellement les méfiances sont grandes à l’égard des organisations institutionnelles et officielles. De Tourcoing à Toulouse, de Brest à Chambéry et Montélimar et bien ailleurs, les camarades les plus combatifs sont sur le terrain, et c’est cela qu’il faut faire. Maintenant, des fédérations s’engagent de plus en plus nettement pour construire cette convergence (Chimie, Services Publics par exemple). De leur côté, les Territoriaux de Parisappellent à manifester aux côtés des Gilets Jaunes.
On ne méprise pas le peuple en colère, quelles que soient ses contradictions et ses confusions, on participe pour éclaircir les enjeux et dégager les fachos. Voilà notre objectif.Cette signature de la CGT a provoqué une réaction immédiate dans nos rangs, et nous nous en félicitons. L’UD de la Haute Garonne a dénoncé immédiatement, de même que la FNIC (voir ci-contre) et de multiples structures prennent position peu à peu (UL de Harfleur, UL Bordeaux Nord, Energie Paris etc.). Cette réaction immédiate est inédite, d’autant que les structures ne font pas dans la langue de bois : la CGT doit retirer sa signature.
Le problème, c’est que ce n’est pas un bug.
Nous publions ci-contre l’interview complète que Martinez a donnée au journal Le Monde ce matin, et dont les militants n’ont retenu que le titre « Touchez pas à nos enfants ». Le reste de l’interview est on ne peut plus clair : pas de convergence avec les Gilets Jaunes, pas de participation aux manifestations. Tout au plus il admet du bout des lèvres qu’il y a quelques initiatives locales, mais sans aucune directive pour les développer, bien au contraire on sent bien qu’il n’est pas d’accord.
Martinez, comme l’intersyndicale, est dans la logique ultra-réformiste de l’interlocuteur représentatif et nécessaire. Les élections de la fonction publique sont passées, plus besoin de faire semblant, maintenant il faut que le gouvernement reprenne les discussions avec les « organisations intermédiaires».
La colère du peuple sur le terrain, on s’en tape.
Ainsi, il n’y a pas de « double jeu » de la CGT comme l’imagine le Figaro, il y a une seule posture, la même que depuis toujours, pour se poser en interlocuteur responsable. Revenir à l'époque de Thibault du temps de Sarkozy (voir « Sarko/Thibault, le pacte de reconnaissance tacite »). Et d’un autre côté, on tient quelques phrases ronflantes pour satisfaire la base énervée… Vieux classique quand même, non ?
Du coup, on comprend mieux le communiqué interfédéral du 5 décembre (que l'on trouvera ICI), publié par les fédérations de l’Agro, de la Chimie, des Ports et Docks, du Commerce, des Cheminots, de l’Energie et des Transports. Au début, on l’a compris comme une petite manœuvre, dans le cadre de la préparation du Congrès de l’an prochain, de la part de fédérations plus ou moins proches de la FSM. D’autant qu’il n’y a absolument rien dans ce texte vraiment contradictoire avec l’orientation confédérale, même pas d’appel à la convergence avec les Gilets Jaunes.
Bien sûr, la manœuvre existe, personne n’est dupe. Mais très probablement, les fédérations signataires sentaient le vent venir de la manœuvre avec l’intersyndicale (avec probablement de ce côté là la Métallurgie en pointe, la FD la plus droitière de la CGT en ce moment) et ont décidé de tenter de la torpiller. Dommage que ce n’ait pas été plus explicite, assez difficile à suivre et obscur pour les non initiés !!! Manœuvres de bureaucrates entre eux ? Bien sûr. Mais sur fond de lutte de classes.
Les enjeux se sont éclaircis.
Il faut participer au mouvement. Défendre les revendications des Gilets Jaunes qui rejoignent pour l’essentiel les revendications CGT. Combattre sans hésitation toutes les dérives racistes, sexistes et homophobes, dégager l’extrême-droite en embuscade.
Organiser la convergence gilets rouges et gilets jaunes, avec toutes les entreprises en lutte, avec les lycéens et étudiants.
Participer aux blocages, aux manifestations, protéger les jeunes, affirmer notre identité et notre combattivité de classe.
C’est le capitalisme qu’il faut abattre, et ce combat on y participe
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