Samedi 12 juin, plusieurs dizaines de milliers de personnes, réparties dans 140 villes et villages, ont défilé contre les idées d’extrême-droite. Cette mobilisation, à moins d’un an des élections présidentielles et une semaine des élections régionales et départementales n’était pas anodine. Elle avait pour objectif de mobiliser pour s’opposer à l’omniprésence médiatique et politique des idées les plus réactionnaires, qui s’est multipliée ces derniers mois.
A plusieurs endroits, des militantes et militants révolutionnaires ont rejoint ces cortèges, avec pour but de dénoncer le lien qui unit la bourgeoisie française et la montée du fascisme ainsi que la tendance à la guerre impérialiste. A Rennes par exemple, on pouvait lire sur la banderole des Jeunes Révolutionnaires : “Guerres, fascisme, la bourgeoisie est notre ennemi mortel”. Des tracts ont été distribués pour appuyer ce propos.
Si la manifestation a été relativement médiatisée, notamment à Paris avec l’enfarinage de Jean-Luc Mélenchon par un militant “souverainiste”, que peut-on en dire ? La greffe massive de cette mobilisation avec les luttes
récentes (comme les mouvements de l’été 2020 qui avaient mobilisé des centaines de milliers de personnes, ou les Gilets Jaunes) a peu pris. Il est également important de souligner la présence d’organisations comme le Parti Socialiste d’Olivier Faure. Celui-ci a défilé à Avignon le 12 juin, mais il y a moins d’un mois, il manifestait aux côtés des policiers factieux. C’est la même chose pour le PCF ou Yannick Jadot, potentiel candidat écologiste. Ces opportunistes, qui d’un côté tendent la main à une corporation, les forces de l’ordre, qui vote très majoritairement pour le Rassemblement National, et de l’autre côté viennent à une manifestation contre les “idées d’extrême-droite”, sont-ils les alliés des masses ? Non, ce n’est qu’une manœuvre électorale de plus pour amadouer et gagner des voix dans les urnes la semaine prochaine.Car ce qu’il faut combattre, ce ne sont pas seulement les “idées d’extrême-droite”, la bataille ne se joue pas là. Elle se déroule dans l’organisation réelle de l’État bourgeois, qui se restructure pour gérer la crise actuelle. C’est cette réalité, de répression ouvrière, syndicale, de violences policières éhontées et revendiquées, que vivent les masses en France tous les jours avec l’État bourgeois. Ce sont les lois réactionnaires qui viennent rogner sur les principes classiques de l’État de droit. C’est le passage de plus en plus possible de la démocratie bourgeoise à la dictature ouverte, où les aspects démocratiques sont niés. C’est sur cela que les masses se mobilisent pour se défendre contre leurs agresseurs. Le fascisme n’est pas une philosophie, il agglomère des morceaux d’idées et s’adapte à la situation dans le pays. Les idées ne sont que le symptôme, la preuve que la bourgeoisie française mûrit vers la conclusion qu’un gouvernement dur, dictatorial, est nécessaire. Le sauvetage de la République et des “idées de gauche” ne nous mènera pas à la victoire, seule la lutte révolutionnaire peut s’opposer durablement à cette tendance.
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