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Mélinée, Missak et leurs camarades: Des combattants communistes, internationalistes, révolutionnaires, antifascistes.
N° 861 21/02/2024
Le 21 février 1944 étaient fusillés au Mont-Valérien vingt-et-trois
combattants immigrés des réseaux résistants "FTP-MOI" dont leur chef, le
communiste Missak Manouchian, d'origine arménienne.
Un hommage solennel lui sera rendu à l'occasion des 80 ans de son exécution. Il sera inhumé au Panthéon avec sa femme Mélinée. Une plaque sera également apposée pour honorer leurs camarades.
Isoler
Missak et Mélinée Manouchian c’est nier leur appartenance à un groupe
de combattants essentiellement communistes qui luttait contre le nazisme
et le gouvernement collaborationniste de Pétain c’est une trahison et
une insulte.
Un engagement communiste.
En
demandant en 1933 sa naturalisation qui restera sans suite, Missak
Manouchian montre son attachement à la France, il renouvellera sa
demande de naturalisation en 1940 qui à nouveau sera refusée.
Missak
Manouchian, poète et résistant arménien, est né 1906 dans une famille
de paysans arméniens en Turquie. Sa famille meurt dans le génocide
arménien[1] perpétré par la Turquie. Il est arrivé en France en 1924 a l’âge de 9 ans.
Il
exerce un métier de menuisier à Marseille, puis est embauché comme
tourneur aux usines Citroën à Paris. Passionné par la littérature
arménienne et française, il fréquente les bibliothèques, suit des cours
en auditeur libre à la Sorbonne et fonde en 1930 une revue en arménien Tchank (en arménien : Ջանք, littéralement « Effort »), sa publication cesse en juin 1931 après 12 numéros.
Missak
Manouchian adhère au Parti communiste au lendemain de la manifestation
antiparlementaire du 6 février 1934, menée par les ligues d’extrême
droite[2].
Il rejoint également la section française du Comité de secours de
l’Arménie, une organisation liée à l’Internationale communiste visant à
mobiliser la diaspora arménienne en faveur de la République soviétique
d’Arménie.
À
la déclaration de guerre en 1939 Missak Manouchian est arrêté et
emprisonné mais libéré faute de charge et vivra dans la clandestinité.
Son statut d’apatride et son engagement communiste (le Parti communiste
sera dissout quelques semaines plus tard) le place dans la catégorie des
« Indésirables » que le gouvernement Daladier veut voir interner.
Il
est interné fin juin 1941 au camp de Royallieu à Compiègne par les
Allemands qui procèdent alors à des arrestations préventives dans les
milieux communistes, dans le contexte de l’opération Barbarossa[4].
Libéré faute de charges, Missak Manouchian reprend son activité
militante et intègre la Main d’œuvre immigrée (MOI), structure créée par
le Parti communiste pour encadrer les immigrés et les réfugiés arrivés
en France dès la fin de la Première Guerre mondiale. Il devient le
responsable politique de la section arménienne entre la fin 1941 et le
début 1942 sous le pseudonyme de « Georges ».
Combattants dans Paris occupé
En
février 1943, il est versé dans l’organisation clandestine
Francs-tireurs et partisans-Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI - branche
militaire de la MOI), alors seul groupe résistant à mener des actions de
lutte armée contre l’occupant à Paris. Il participe à sa première
action armée le 17 mars 1943 à Levallois-Perret en attaquant à la
grenade un groupe de soldats allemands. Il est nommé commissaire
militaire de la région parisienne en août 1943, ayant sous ses ordres
une cinquantaine de militants. Les groupes sous son commandement mènent
une trentaine d’opérations armées du mois d’août à la mi-novembre 1943,
dont l’exécution le 28 septembre du général allemand Julius Ritter,
responsable en France de la réquisition de la main d’œuvre dans le cadre
du Service du travail obligatoire (STO).
Les
représailles sont meurtrières (cinquante otages fusillés le 5 octobre
au Mont-Valérien), la réponse des résistants l’est tout autant : 15
attentas causant de grosses pertes aux allemands.
Missak Manouchian est arrêté en région parisienne le 16 novembre 1943 par les brigades spéciales de la police française(3)
après une longue filature, alors qu’il avait rendez-vous avec le chef
interrégional des FTP Joseph Epstein. Dans les jours qui suivent, les
groupes des FTP-MOI sont massivement arrêtés et livrés aux Allemands.
Ils sont torturés, aucun ne parle afin de protéger leurs camarades.
De sa prison de Fresnes, le 21 février 1944 Manouchian écrit à son épouse : « tout
est confus en moi et bien clair en même temps. Je m'étais engagé dans
l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de
la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter
la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le
peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer
notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai
aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun
aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple
allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité
après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous.... Je
mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la
sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car
personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je
l'ai fait sans haine.
Adieu. Ton ami, ton camarade ton mari [5]. Manouchian »
Missak
Manouchian sera fusillé au MontValérien, avec vingt-et-un de ses
camarades, une colline où sont exécutés plus d’un millier de résistants
et otages pendant l’occupation.
L’Affiche rouge
S'ensuit
une campagne de propagande orchestrée par les nazis, discréditant le
groupe. Des tracts soulignant leur statut d’étrangers ou de juifs sont
distribués. Puis une affiche rouge les qualifiant d’"armée du crime" est placardée à près de 15 000 exemplaires dans les rues de Paris et dans plusieurs grandes villes.
Une
affiche montrant une mise en scène dans laquelle Manouchian est
présenté comme le chef de bande des terroristes étrangers. Elle voulait
inspirer l'horreur de leur cause et la répulsion de leurs origines.
Celle-ci allait se retourner contre les bourreaux.
Nous savons ce que nous devons aux 23 fusillés de l’Affiche Rouge et à Olga Bancic, décapitée en Allemagne.
52 d’entre eux sont morts sous les tortures des nazis, 50 % sont morts au combat.
Ces
combattants étaient internationalistes, révolutionnaires, antifascistes
leurs cendres ne sont pas à mêler à celles des militaires napoléoniens,
pas plus qu’à celles des capitalistes qui ont grossi la cohorte des
collaborationnistes.
Assigner à leur vie un prétendu combat pour la « patrie française »
est une tromperie: Manouchian, Grzywacz, Elek, Wajsbrot, Witchitz,
Fingerweig, Boczov, Fontano, Alfonso, Rajman et Olga Bancic sont dans
nos cœurs comme des combattants de la résistance, à la pointe de la
résistance communiste, le fer de lance des combats pour la libération de
la France de l’occupant et la victoire antifasciste contre le nazisme. Ils ont conduit la guérilla urbaine en France contre l'occupant nazi.
Évoquer
la vie héroïque de ces étrangers est ignoble au moment même où Macron
et son gouvernement font voter une des pires lois xénophobes, empruntée
au programme du RN et de LR sur l’immigration et où à Mayotte le droit
du sol est remis en cause ; c’est une honte !
Macron fait le lit de l’extrême droite en constituant un « front républicain » du RN au PS lors de l’hommage aux victimes du 7 octobre 2023.
Il
veut dissimuler des pratiques politiques infâmes, en associant des
antifascistes et le RN de Marine Le Pen alors que ce parti plonge ses
racines dans le Front National fondé par des collaborateurs et soutiens
du régime de Vichy. Tout ce que combattaient les FTP-MOI[6].
Il
veut gommer que les 23 combattants des FTP-MOI fusillés ce matin
d’hiver, tout comme leur camarade Olga Bancic étaient membres du parti
communiste, celui qui a payé le tribut le plus lourd au combat contre
l’occupation nazie, le « parti des fusillés ».
Ceux
qui nous gouvernent sont complices aujourd’hui du génocide à Gaza et ce
n’est pas avec ces cérémonies qu’ils parviendront à nous détourner du
sens du combat des FTP MOI, comme du sens du combat des résistants
palestiniens contre l’Etat colonisateur d’Israël. Ce n’est qu’une
méprisante petite manœuvre électorale de Macron, pour essayer de
récupérer le vote des Français d'origine arménienne qui forment une
diaspora de plus de 600 000 membres[7].
Leur
combat s’inscrit dans nos luttes antiracistes, antifascistes et
anticolonialistes d’aujourd’hui. C’est un exemple pour abattre le
capitalisme, construire le socialisme pour que ça change.
[1]. Dont le bilan s'élève à près d'un million et demi de morts.
[2]. En février 1934 Missak Manouchian manifestait contre les ligues d’extrême-droite.
[3]
Les services français de la Préfecture de Police, – qui y emploient
près de 130 inspecteurs, renseignements généraux en tête - accentuent
leur traque
[4].
Sous le nom de code « Opération Barbarossa », l’Allemagne nazie envahit
l’Union soviétique le 22 juin 1941. Ce fut la plus grande opération
militaire allemande de la Seconde Guerre mondiale.
[5]. Mélinée Manouchian Paris, le 21 Février 1944.
A
mon bien aimé, Missak Je viens d'apprendre la terrible nouvelle qui va
nous séparer à jamais, cette injustice des hommes je ne peux l'accepter.
Pour toi je resterai forte, je transmettrai tes valeurs, nos valeurs,
tes combats aux générations suivantes pour que plus jamais une femme
n'ait à écrire ces mots à son époux. Je veux te faire part de mes
sentiments tellement profonds et puissants à ton égard, une dernière
fois... Je ne vais pas me morfondre, je serai digne pour toi comme tu
l'as été toute ta vie, on a traversé tellement d'épreuves ensemble,
aujourd'hui tu vas mourir pour ton pays, en homme de gloire. Tu ne peux
pas savoir à quel point je suis fière de toi, mon petit poète à moi, mon
héros! Le mien, mais aussi celui de tes prochains, de la France. Tu es
la personne la plus courageuse que je connaisse, aucun ne serait capable
de se sacrifier pour leur pays comme tu le fais. Les jaloux diront que
tu n'es pas vraiment français, et pourtant pour eux, pour la liberté, tu
te sacrifies. Je suis certaine que tu es le plus français de tous et au
nom de notre France, notre terre d'asile, je te remercie. Tu as 37 ans,
tu aurais pu avoir toute ta vie devant toi, mais aujourd'hui tu vas
mourir et nos projets avec toi vont disparaitre. Tu vas quitter la
barbarie de ce monde, et j'espère que ta mort pourra ramener la paix. Je
suis abattue, aujourd'hui je ne perds pas seulement mon mari, je perds
une moitié de moi. Ils vont me tuer une première fois avant que la vie
n'en fasse tout autant une seconde. La colère prend toute la place dans
mon petit corps, ils nous arrachent notre liberté et nos héros du
quotidien. Tu m'as appris à rester forte quoi qu'il en soit, et je
respecterai ma promesse si importante pour toi. Mon Missak, mon chéri,
tu es la personne la plus incroyable qui soit, courageux, dévoué,
attentionné, beau, fort, calme, infatigable, loyal, sensible, délicat,
humain et vrai. Toutes les femmes prétendent que leur mari est le
meilleur et avec la plus grande sincérité je leur dirai que non, mais
toi, Missak Manouchian, tu l'es. Je te fais confiance, je sais que tu
t'es battu pour nos libertés, pour ne plus avoir à subir la violence des
hommes et pour m'offrir un monde meilleur tu renonces à ta vie. Jamais
je n'aurai pu espérer un homme comme toi, j'ai tellement de chance de
t'avoir connu, d'avoir vécu en ta compagnie, même si c'était trop court.
J'ai encore besoin de toi, ne me laisse pas toute seule, mon mari. Tu
m'as donné l'envie de vivre et sans toi survivre m'est difficile à
imaginer mais pour toi je le ferai. Tu me demandes de refaire ma vie
avec un autre, construire une famille. Mais comment le pourrais-je, tu
es ma vie, mon Homme, mon passé, tu étais mon futur, mon avenir. Je ne
veux pas que tu sois déçu, mais je veux être honnête avec toi, au moment
où je t'écris ces mots, je ne peux m'imaginer une autre vie sans toi.
Le temps assèchera peut-être mes larmes, mais j'en doute. Cette liberté
que tu m'accordes pour aimer un autre, accordes la moi pour n'aimer que
toi. Ta Mélinée, avec toi pour toujours, mon Missak à moi.
[6]. En février 1934 Missak Manouchian manifestait contre les ligues d’extrême-droite.
[7].Les
Français d'origine arménienne forment une diaspora de plus de 600 000
membres. Elle s'est constituée dans l'entre-deux guerre du siècle
dernier et a bénéficié de vagues d'immigration successives qui l'ont
conduite à se développer de façon multiforme. Aujourd'hui encore cette
diaspora voit arriver de nombreuses familles venues directement de
Syrie, d'Arménie et d'Artsakh. Depuis plusieurs décennies, le CCAF
Conseil de coordination des organisations arméniennes de France réussi à
faire entendre la voix des Français d'origine arménienne auprès des
pouvoirs publics. Elle organise notamment un dîner annuel auquel
participe le Président de la République
da Communistes!
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