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COVID-19 : un péril historique auquel la bourgeoisie est incapable de faire face
COVID-19 : un péril historique auquel la bourgeoisie est incapable de faire face
Au mois de mars dernier, la plupart des États impérialistes du monde déclaraient l’état d’urgence sanitaire devant la propagation incontrôlée du nouveau coronavirus à l’échelle mondiale. Six
mois plus tard, malgré toutes les mesures prises par les classes
dominantes pour tenter de lutter contre le virus, la pandémie aura déjà tué officiellement plus de 870 000 personnes dans le monde, dont plus de 210 000 en Europe, plus de 180 000 aux États-Unis et plus de
125 000 au Brésil. Mais le nombre réel de morts est certainement
beaucoup plus élevé. Lorsque l’on prend la mesure des ravages causés par
le virus parmi les populations humaines sur toute la planète ainsi que
celle des bouleversements politiques et économiques que la pandémie a engendrés, il devient clair que nous vivons présentement un événement dont la portée est historique : un événement qui marquera l’histoire de l’humanité entière, un peu comme l’avait fait la pandémie de Grippe espagnole de 1918-1919.
Mais selon le point de vue de classe que l’on
adoptera dans le futur, le souvenir de la pandémie de COVID-19 revêtira
un caractère bien différent. Pour la bourgeoisie, ce sera le souvenir de
profits perdus en même temps que celui de nouvelles conquêtes
capitalistes; ce sera également le souvenir d’actions héroïques posées par des hommes politiques qui auront fait leur possible pour faire face
à une nature imprévisible et incontrôlable. Pour le prolétariat, ce
sera le souvenir du chaos, de la souffrance et de la mort; ce sera le
souvenir d’un désastre parfaitement évitable que les classes dominantes auront laissé se produire pour préserver l’accumulation d’argent et de capital. Ce
sera le souvenir d’une lutte pour mettre un frein aux actions
irrationnelles et meurtrières des capitalistes : une lutte pour se
protéger du virus malgré la volonté des possédants de poursuivre
l’exploitation coûte que coûte. Maintenant, revenons dans le présent. La
pandémie n’est pas encore un souvenir : nous la vivons à chaque
instant. À chaque instant, nous pouvons sentir le poids historique des
événements qui se déroulent sous nos yeux. Et face à des événements
aussi lourds de conséquences, plus que jamais, nous avons le devoir, en tant que communistes, d’en faire l’analyse et d’expliquer aux masses ce qui se trame au-dessus de leurs têtes, au delà des discours officiels et des inepties propagées par les grands médias bourgeois. C’est précisément ce que notre Parti s’est évertué à faire dans les derniers mois à travers les publications de son journal.
Alors que nous nous trouvons présentement à l’aube de la deuxième vague de contamination dans un grand nombre de pays dont le Canada (et alors que cette deuxième vague déferle déjà sur les États-Unis depuis plusieurs semaines), nous souhaitons revenir sur les fondements de notre analyse de la situation mondiale, analyse que nous avions faite au moment où la pandémie commençait à frapper notre pays il y a six mois, et qui nous avait alors permis de révéler la nature de la crise et la faillite généralisée des classes dominantes dans le monde.
Pour les lecteurs intéressés qui n’auraient pas encore pris
connaissance de nos publications antérieures sur la pandémie,
l’essentiel de cette analyse se trouve dans l’article « COVID-19 : La
concurrence internationale au cœur de la crise actuelle » publié le 13
avril dernier. À présent, dans ce qui suit, nous allons résumer brièvement les éléments clés du processus qui nous a permis de développer une compréhension juste de la crise actuelle.
En tant que révolutionnaires, la première question que nous devions
poser pour analyser la crise de la COVID-19 était la suivante :Le virus qui se répand parmi la population est-il particulièrement dangereux pour la santé humaine, oui ou non?
Autrement dit, la société est-elle aux prises avec un problème sanitaire exceptionnellement grave, oui ou non?
La classe dominante exagère-t-elle l’ampleur de la menace, ou bien au contraire, la réaction de la classe dominante témoigne-t-elle de la gravité objective de la situation?
Dépendamment de la façon dont on répond à cette
question primordiale, l’on arrive à des analyses diamétralement opposées
et antagonistes. Certains groupes se revendiquant faussement du
marxisme ont répondu à la question en affirmant (à l’instar des divers
représentants du « complotisme ») que non, la société ne faisait pas face à une crise sanitaire particulièrement grave.
Pour eux, la dangerosité du virus aurait été exagérée par les médias et
par les politiciens, lesquels auraient alimenté une forme « d’hystérie
de masse ». Le virus n’étant pas considéré particulièrement menaçant,
les mesures exceptionnelles déployées par la bourgeoisie sont
interprétées comme ne servant que des objectifs idéologiques. Aussi, les perturbations économiques auxquelles on assiste sont analysées soit comme étant le résultat d’une crise interne du mode de production capitaliste qui n’a rien à voir avec la pandémie
(et que la bourgeoisie chercherait à camoufler en inventant une crise
sanitaire), soit comme le résultat voulu et planifié d’une sorte de
complot planétaire machiavélique (qui viserait,par exemple, à détruire
les économies nationales pour asseoir le pouvoir d’une « élite
mondiale ») – deux positions (l’une pseudo-marxiste et l’autre
« conspirationniste »)en apparence opposées mais qui, en fait, sont tout
aussi erronées et se rejoignent.
De notre côté, nous avons apporté la réponse
contraire à la question, à l’instar des scientifiques qui ont étudié
sérieusement les aspects biologiques du phénomène, et de ceux qui ont
entrevu la trajectoire réelle du virus sans sombrer complètement dans la
sociologie bourgeoise et l’idéalisme. Pour notre part, en tant que
communistes appliquant le matérialisme à l’étude de la société, nous
avons évalué que la classe dominante n’aurait jamais posé les actions
qu’elle a posées (interruption de secteurs entiers de l’économie, mise
en place d’entraves importantes à la production de plus-value), soit des
actions hautement nuisibles pour le capital, si le virus n’avait pas été particulièrement dangereux et si la situation sanitaire n’avait pas été exceptionnellement grave.
Les mesures draconiennes auxquelles nous avons assisté au début de la crise servaient donc des objectifs de santé public réels (bien
que pas exclusivement). Les dommages économiques qui se font sentir et
qui appauvrissent les prolétaires ont été causés par les fermetures
ordonnées par les autorités bourgeoises pour ralentir réellement la propagation du virus (fermetures
qui, dans les conditions de la propriété privée bourgeoise et de
l’anarchie capitaliste, ne pouvaient qu’engendrer, il faut le dire,
encore plus de chaos et de paupérisation qu’à l’habitude). La pause
économique n’était pas le résultat d’une crise interne du mode de
production comme l’affirment les représentants du point de vue adverse :
c’était une action consciente de la classe dominante de chaque pays
pour freiner temporairement la progression de l’épidémie, et ce, afin d’éviter d’être la seule à voir son économie nationale subir les conséquences de la propagation incontrôlée du virus
et afin d’éviter une crise sociale encore plus grave. En d’autres mots,
chaque bourgeoisie nationale a décrété la pause économique dans son
pays respectif pour ne pas se retrouver « décalée » par rapport aux
bourgeoisies des nations adverses qui mettaient également en place les
mêmes mesures.
Bien sûr, le mouvement réel du virus dans la société
humaine n’est pas uniquement déterminé par des lois de nature biologique
et physiques, mais également par les lois qui régissent la société –
c’est-à-dire, en l’occurrence, par les lois du capitalisme. C’est
d’ailleurs pourquoi nous avons dès le début anticipé avec justesse que
la « pause économique » serait interrompue hâtivement et que la
bourgeoisie serait poussée à relancer rapidement la production de
plus-value, laissant le virus se répandre « librement » parmi la
population et provoquant ainsi une deuxième vague épidémique qui aurait très bien pu être empêchée. Ces considérations nous amènent à poser une deuxième question découlant de la réponse correcte à la première :
La réponse de la classe dominante est-elle à la hauteur de la gravité de la situation?
Autrement dit, la
bourgeoisie s’est-elle montrée capable d’accomplir la tâche historique
consistant à empêcher la propagation du virus et à protéger la
population?
La manière dont la société bourgeoise combat le
virus est-elle à la hauteur des connaissances et des moyens techniques
dont nous disposons à notre époque?
La réponse est non. La faillite de la bourgeoisie s’est d’abord manifestée dans le retard des mesures sanitaires. Alors
que la situation objective aurait exigé que des mesures importantes
soient prises beaucoup plus tôt, la bourgeoisie a laissé filé de
précieuses semaines entre ses doigts et elle n’a agi qu’au dernier
instant. Cela s’est entre autres révélé dans la façon dont elle a réagi brusquement, sans avertissement, du jour au lendemain, partout en même temps et partout de la même manière dans la plupart des pays capitalistes, à la mi-mars.
Puis, après quelques semaines de confinement seulement, la bourgeoisie a
relâché, partout en même temps et partout de la même manière, la
plupart des mesures sanitaires qu’elle avait mises en place, laissant le
virus se répandre progressivement parmi les masses.
Pour nous, le contraste frappant entre la robustesse des mesures de mars-avril et le laisser-aller presque complet des mois suivants ne s’explique pas autrement que par l’incapacité de la bourgeoisie à protéger réellement et durablement
la population du virus. D’ailleurs, la bourgeoisie s’en est à peine
cachée : son objectif officiel n’était pas de protéger la population
mais bien « d’aplatir la courbe » et d’empêcher que le système de santé ne soit débordé, c’est-à-dire d’étaler dans le temps les infections et les morts (pour assurer la survie du système) et non de prévenir le plus possible ces infections et ces morts.
Ainsi, au lieu de considérer que la bourgeoisie aurait exagéré la gravité de la situation, nous considérons qu’elle la minimise depuis le début afin
de camoufler sa faillite et afin de convaincre les masses « de se
sacrifier » pour sauvegarder la société bourgeoise. Pour nous, les
incohérences flagrantes dans la gestion de la crise confirment la
faillite complète de la classe dominante. Pour les représentants du
point de vue adverse, ces incohérences démontrent que le virus n’est pas
dangereux et que nous assistons à une vaste mise en scène depuis le
début. Mais les faits objectifs confirment notre analyse : nombre de
morts, nombre de malades, gravité des symptômes et des séquelles de la
maladie, submersion des systèmes de santé, chaos social, etc. Le virus
est réel, il représente une menace exceptionnelle, historique, et la bourgeoisie est incapable d’y faire face adéquatement. Cette conclusion nous amène à une troisième question :
Quels sont les principaux phénomènes sociaux qui expliquent la faillite de la classe dominante?
Nous avons répondu que c’est la concurrence – élément se situant au fondement de la société bourgeoise – qui a conduit à la catastrophe. Notamment, c’est la concurrence internationale qui
a poussé les gouvernements des principaux pays impérialistes à retarder
au maximum la mise en place des mesures de lutte contre le virus. En
effet, bien que le danger du virus était connu depuis plusieurs
semaines, la bourgeoisie de chaque pays a préféré attendre que les
autres fassent les premiers pas pour ne pas être la seule à subir les
conséquences économiques des fermetures et des dépenses étatiques
majeures qui s’imposaient. C’est seulement au moment où la situation est
devenue tellement critique qu’il n’était plus possible d’attendre
davantage que les différentes bourgeoisies se sont entendues tacitement
et ont décrété une « trêve commune » : à ce moment-là, les bourgeoisies
nationales ont accepté d’agir parce qu’elles avaient l’assurance que les
autres allaient joindre le « mouvement défensif unifié » qui se
déployait partout en même temps.
C’est également la concurrence internationale qui a
poussé les États capitalistes à mettre fin hâtivement aux mesures de
confinement, sans tenir compte de l’évolution réelle et objective de la
pandémie. En effet, la concurrence internationale a incité les
capitalistes de chaque pays à relancer au plus vite la production de
plus-value pour ne pas se faire devancer par leurs concurrents étrangers
ou encore pour accaparer les parts de marché de leurs adversaires. Et à
présent, c’est cette même concurrence impérialiste qui pousse la
bourgeoisie de chaque pays à « tenir » le plus longtemps possible en
espérant que la deuxième vague frappe les pays adverses plus vite, plus
durement et plus longuement; c’est cette même concurrence qui la pousse à
maintenir l’exploitation plus longtemps et avec une plus grande
intensité que les autres dans tous les secteurs économiques, malgré
l’accélération de la propagation du virus en sol national. Cette lutte
incessante des bourgeoisies nationales entre elles rend la lutte
mondiale contre la pandémie complètement anarchique et conduit tout
droit au désastre.
En somme, seul le prolétariat au pouvoir aurait pu
accomplir la tâche historique d’empêcher l’hécatombe mondiale que la
pandémie est en train de provoquer. Car seul le prolétariat – en tant
qu’unique classe sociale complètement désintéressée et réellement
progressiste – peut débarrasser l’humanité de la concurrence
capitaliste, de l’exploitation et de la lutte perpétuelle entre les
nations; seul le prolétariat peut instaurer un régime social où la
production est organisée rationnellement pour servir les besoins des
masses et non pour servir l’accumulation de profits privés.
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